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Les grillons de soie




I.

Il y avait des cigales dans des champs de vanille
Et des grillons de soie sur les branches d'un lit,
Des murmures adorables parcourant les charmilles,
Et un vent d'infini soufflant dans le Midi.

Au cou de la rivière, des grands rochers d'argiles,
Des bijoux voyageurs décoraient les saisons.
Les gloussements étouffés des beaux poissons d'avril,
Animaient la Nature, sans ordre, ni raison.

Il y avait un soleil, tendre et protecteur,
Aux reflets miséreux, il comblait tout le vide :
Pauvreté du don, si simple, plein de douceur,
Plus riche que de l'or, aux saveurs avides.

De nos jours, rire ou sanglot, les souvenirs,
Quand le temps disparu tient dans une main,
Les paumes créatrices ainsi font resplendir,
Les images les pires, pour en faire un festin.


II.

Il y avait de l'amour dans ces deux corps unis
Et des baisers légers qui s'envolaient le jour.
Des draps mouillés d'espoir, de joie, la douce nuit,
Annonçait chaque fois des complaintes à rebours.

Des caresses ouatées où se love l'ennui,
D'être un jour séparé de l'être désiré,
Des pinceaux enflammés magnifiant la vie,
Étaient les seuls outils d'un bonheur rêvé.

Il y avait les rires, ces éclats merveilleux,
Habitaient les silences qui pèsent sur la chair,
A l'ombre d'un vieux chêne, nos cœurs amoureux,
S'envolaient, oubliant le soir crépusculaire.

Le soleil se fondait dans l'âme des lavandes,
Le mauve des couleurs diffusait l'opaline,
D'une lune naissante, dans la fraîcheur des Landes,
Nos mains moites devenaient des fleurs de glycines.

III.

Il y a ces moments passés à tes côtés,
Les aboiements du chien, le chat qui veut sortir,
Les enfants fatigués de leurs longues journées.
Ces joies simples, futiles, que l'on aime saisir.

Il y a les blessures, les doutes, les souffrances,
La maladie, la vie, et le merle qui chante.
Il y a les peines, les joies de l'existence,
La Terre tourne sans nous, elle est lente !

Tous ces pas réunis, dissociés, avertis,
S'harmonisent sans vergogne, sans rythme, sans retenu.
Naturels instants, gestes tendres, anarchie,
Calme, cris ou colères, au détour d'une rue.

Aujourd'hui tu es là, nous sommes et tu es là,
On est ici sans naître, on est ailleurs sans être,
Et le temps disparu désordonne nos pas,
Vers un avenir en fuite, qu'on construit sans paraître.

mai 2010

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