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Aurélie Lesage entraîne le lecteur sur les rives de l’inattendu

 



Merci à Paul Tojean auteur de "Spiritualité et Renaissance" chez Sinope pour sa chronique sur mon roman "La Rencontre".

Aurélie Lesage entraîne le lecteur sur les rives de l’inattendu

La rencontre ? Une perle littéraire ! Dès que l’on entreprend sa lecture, on ne s’arrête plus. Ce roman tient constamment en haleine. Voilà un récit qui coule limpide comme l’eau d’une fontaine ; ou telle une rivière qui suit son lit et entraîne le lecteur vers de nouveaux paysages, sur les rives de l’inattendu, à la croisée des rebondissements successifs. Le lyrisme atteint toujours son apogée lorsque celui-ci révèle sa part de rêve et de poésie. C’est vrai pour La rencontre : « l’immense lune est rousse, c’est le crâne d’un clown qui a froid ». La dérision tout comme l’autodérision sont aussi de mise : « Je ne sais pas encore quand je vais sortir. Ils ne me disent rien, même celui qui a la langue bien pendue ! ». « Je ne sais toujours pas véritablement si c’est un homme ou une femme, peut-on être les deux à la fois ? J’imagine que tout est faux puisque le vrai n’apparaît pas ».

Alors, un tantinet burlesque ce récit ? Que bien nous fasse ! En effet, si le personnage principal est ridiculisé, c’est parce qu’Aurélie Lesage s’intéresse principalement à la condition humaine, à cette quête de l’être et à quelques facettes absurdes de notre existence. Par ailleurs, ce roman recèle d’innombrables subtilités qui voisinent avec un raisonnement philosophique face à l’existentiel, face au vécu, et traduisent une pensée générale, ô combien pertinente et profonde. « Réunir la pensée aux mots est un exercice des plus périlleux » assure la romancière. Pour autant, voici quelques extraits qui démentent cette affirmation : « Tout est si absurde dans ce monde, il ne faut pas chercher à comprendre. On subit, c’est tout et parfois on agit en désespoir de cause, sachant qu’il n’y a pas de cause, car si une cause existait il y aurait une raison à tout, je ne vois aucune raison. Donc je subis. Mais parfois j’agis. » La perception est réelle : « Il n’y a que nos gestes et nos actions qui ont du sens ».

Dans cette prison intérieure, tous les possibles sont permis, toutes les pensées dévoilées au grand jour ; les meilleures comme les moins bonnes refont surface... D’emblée, Aurélie Lesage évoque des fantômes. Quoi qu’il en soit, ces fantômes laissent la romancière traverser le pont, puisqu’elle réussit subtilement à dévier la voie des accommodements où s’affranchit le poids des contraintes.

Les lancers de mots sont projetés en faveur du temps qui passe vers La rencontre tant convoitée et revendiquée. Mais attention, pas n’importe laquelle ! Une rencontre vraie et authentique. Il n’y a pas lieu ici de tergiverser. Et ce fameux rendez-vous avec cet autre, toujours repoussé à une date inconnue, conduit inconsciemment le lecteur, avide de curiosité, dans son perpétuel questionnement ontologique.

Là, précisément réside le secret de l’écrivaine, puisque « rien ne se termine, tout se prolonge »… Tout… À l’infini. Cependant, cette perspective galante semble devenir de plus en plus improbable au fur et à mesure que les pages du livre se tournent. Car la démarche des divers personnages qui se succèdent paraît dénuée du moindre effort allant dans ce sens. Mais alors, tout ceci ne serait qu’illusion ? Où ne serait-ce qu’un désir comme tant d’autres ?

Prisonnière dans sa tour d’ivoire liée à de multiples contraintes, et dans une totale confusion de sentiments qui se télescopent, le personnage principal est incapable d’aller là où elle le souhaiterait.

Ce qui lui donne « l’impossible désir de vivre dans ce monde où, il n’y a pas de place pour les exclus du temps. » Dès lors tout se fige et « le rêve se dissout dans un réel à inventer » précise la narratrice. Tout semble fait en fin de compte pour empêcher cette union.

L’héroïne aura beau « tuer » son cafard, il reviendra. Mais peut-être pas, en fin de compte, car broyer du noir, c’est déjà anticiper la petite flamme qui se ravivera tôt ou tard. Il suffit de peu de choses pour qu’elle se rallume, la flamme ! Tout dépend des battements de cœurs et des situations imprévues…

À propos, voici une belle opportunité qui se présente : un chemin qui s’ouvre et mène à un point de rencontre, près d’un rocher… Mais merdre, n’anticipons pas !

Alors, chères lectrices et chers lecteurs, ne perdez pas une minute de plus, faites l’acquisition de ce remarquable roman et imprégnez-vous de cette savoureuse et pétillante histoire qui galvanise les esprits.

Paul Tojean

(Aurélie Lesage, La rencontre. Sinope Éditions, collection Hors Sentier. 15 euros.)

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